mercredi 22 janvier 2014

Chapitre 89: La cachette secrète


A peine a vais-je quitté la maison que je regrettais déjà mon geste. Mais il était trop tard. Trop tard pour regretter, trop tard pour revenir en arrière. Mon amour propre ne me le permettait pas.

Alors j'avais couru, droit devant moi. J'avais erré dans la ville une bonne partie de la soirée, avant de me trouver un refuge. Il y avait une vieille maison près du phare, dont personne ne voulait, et l'agence immobilière a bien voulu me la céder.


C'était très petit, il n'y avait qu'une seule pièce en tout, mais c'était bien suffisant. Pour combien de temps étais-je là? Je n'en savais rien.  Tout ce que je savais, c'est que j'avais l'impression de faire une énorme bêtise. La plus grosse de toute ma vie. Mais qu'y pouvais-je? 

Je n'avais jamais été prête à devenir maman à vrai dire. Rose-Opaline était arrivée bien trop tôt, j'avais su taire mes réticences à l'arrivée de Rubis, mais les quadruplés avaient réveillé mes peurs.

J'avais besoin de solitude, et de prendre du temps pour moi.


J'avais une petite télévision pour me tenir informée des actualités, et de ce qu'il se passait autour de moi. J'étais suffisamment coupée du monde pour réfléchir sur moi-même et mes agissements, pour m'autoriser un peu de bon temps devant le petit écran. A la maison, je n'en avais eu guère le temps.


J'avais procédé à un changement de look également. La petite rebelle que j'avais été jusqu'à maintenant commençait à me dégoûter. Je ne changeais pas pour autant, j'étais toujours la même, mais la quarantaine m'avait rattraper, je devais assumer mon âge.

Mes journées se déroulaient tranquillement, je faisais un peu de ménage, je lisais aussi beaucoup. Je me couchais tôt, me levais ni trop tard, ni trop tôt. En somme, je profitais de ce qui s'offrait à moi.


Je passais également beaucoup de temps sur le petit pont derrière la maison. Il y avait un banc sur lequel je pouvais m'asseoir, et je passais des heures assise, à contempler l'horizon. La mer était belle, les rayons du soleil scintillaient dans l'eau. je n'avais jamais vu d'aussi beaux paysages, j'avais l'impression de n'avoir pas su profiter de la vie jusqu'à maintenant. 

Pourtant, c'est ce que j'avais toujours cherché, sans jamais y parvenir. M'y étais-je pris de la mauvaise manière? Je ne sais pas.


Le soir, tout devenait orangé. J'en profitais pour me mettre en maillot de bains, et aller nager un peu. La sensation que je ressentais à cet instant était des plus magiques. J'étais seule, mais je pouvais me reposer. Il n'y avait personne pour me dire quoi faire, pour me faire des reproches. Je savais que j'avais raté mon rôle de mère, mais je ne pouvais pas rattraper le temps perdu.


Au fil des jours, mes cheveux avaient perdu de leur éclat, je me surprenais à soupirer devant quelques cheveux gris qui pointaient le bout de leur nez. le temps passait, il passait affreusement vite. Qu'avais-je fait durant toutes ces années? Je ne parvenais pas à répondre. Même la vue du soleil couchant ne parvenait pas vraiment à me consoler.


Malgré tout, je continuais à aller surveiller les plages de la ville. Fort heureusement, j'étais affectée sur des plages peu fréquentées, je n'avais donc pas à craindre de rencontrer quelqu'un de ma famille. Mon mari, ou mes enfants. Ou ma mère... Que devait-elle penser de moi? J'étais certaine de l'avoir déçue. Toute ma vie n'avait du être qu'une suite de déception pour elle, j'étais loin d'être un modèle de perfection.


Lors de mes jours de congés, je partais parfois me promener dans la vieille barque disponible près de la maison. Cette immensité de l'océan me fascinait toujours.


J'acquis de plus en plus d'expérience au cours de mes sauvetages en mer. Je me démenais comme jamais pour sauver les gens de la noyade, comme si j'avais quelque chose à rattraper, à me faire pardonner. Je courais dans l'eau avec force et détermination, c'était une façon pour moi de m'extérioriser.


J'avais laissé tomber la brasse, j'avais bien compris que cette nage n'était pas efficace. Le crawl était beaucoup plus rapide, j'arrivais en un rien de temps auprès des sims en difficultés.


Parfois, je sentais la mort près de moi. Comme si elle guettait le moindre signe de faiblesse chez moi. Comme si elle attendait que je ne puisse pas sauver à temps quelqu'un, qu'elle puisse l'emporter au royaume des morts vite fait bien fait. Mais je ne voulais pas la laisser gagner, je voulais être plus forte qu'elle. Je voulais voir la vie autour de moi, pas la mort.


Je voulais voir la vie... Mais j'étais seule, depuis combien de temps déjà? Je n'avais pas compté les jours. Et puis un soir que je regardais à nouveau l'horizon, je me suis rappelé. C'était aujourd'hui l'anniversaire de mon aînée... Ma petite Rose. J'avais manqué l'anniversaire de sa majorité. Etait-elle en colère contre moi? Voudrait-elle me revoir après que je l'ai abandonnée? Je n'osais pas imaginer combien mes autres enfants avaient grandi. Alors je sus.

Je sus combien ils me manquaient tous. Et Dylan. Oh, mon cher et tendre mari... J'avais été odieuse avec lui. Je ne pouvais pas les laisser plus longtemps seuls... Voudraient-ils encore de moi? Je ne savais pas. Mais ce que je savais, c'est que je voulais être là, présente dans leur vie...


Cette nuit-là, je dormis sereinement. Le lendemain matin, j'étais debout aux aurores, et je me préparai rapidement afin d'assister à la remise des diplômes de Rose-Opaline. Je trouverais bien une petite place tout au fond de la place, là où personne ne me remarquerait... Je voulais assister à ce moment important de sa vie, je ne voulais pas le manquer. Mais accepterait-elle ma présence?


J'étais émue en sortant, mais je n'osais pas approcher de ma fille. Ni de personnes d'autre. J'attendis quelques heures dans le parc de la ville, avant de me décider, et de marcher en direction de la maison. Ma maison, celle qui contenait les personnes que j'aimais le plus au monde. Il pleuvait, mais cela ne m'empêcha pas d'apercevoir Dylan. J'eus envie de pleurer.

"Dylan...?"


"Lynda?! C'est toi?!"

Je ne sais pas pourquoi, mais mes jambes se sont mises à courir comme une folle en direction de Dylan. Il semblait tellement heureux de me revoir, qu'il ne put s'empêcher non plus de se précipiter vers moi. Nous étions tous les deux trempés par la pluie, mais qu'importe! Nous étions à nouveau ensemble.


"Où étais-tu?! Je me suis tellement inquiété pour toi!
-Je suis désolée! Je voulais revenir, mais j'avais faire! J'avais honte de moi, j'avais peur que tu me rejettes!
-Bien sûr que non voyons! Je t'attendais, j'espérais te voir revenir chaque jour! Ça a été tellement dur sans toi!
-Pardon, pardon, je suis désolée..."


"Dis moi que tu vas rester!
-Je... Si tu veux bien que je revienne...
-Evidemment! Je ne veux plus que tu t'en ailles.
-Et les enfants? Que vont-ils dire? J'ai tellement peur...
-Ils t'attendent tu sais, tu leur manques beaucoup..."


Je me sentais revivre tout à coup. J'avais beaucoup vieilli, mais j'étais près de celui que j'aimais le plus au monde. J'allais revoir mes enfants, oui... Cela m'effrayait. Mais j'étais prête à faire n'importe quoi pour qu'ils acceptent de me pardonner. Les quadruplés me reconnaîtraient-ils? Lorsque j'étais partie, ils étaient encore petit, ils avaient du grandir...


La pluie s'était arrêtée, et le soleil se cachait petit à petit derrière l'horizon. Ce jour-là, ce fut comme une renaissance pour moi...


7 commentaires:

  1. Ouaiiis elle est revenu!
    prochaine étape, etre accepté par les enfants...

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  2. Ouiiiii la revoila !
    C'est super bien narré !
    J'espere que ses enfants ne lui en voudront pas trop, mais c'est pas gagné.

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  3. Oh ! J'adore cet épisode ! Il est magnifique !

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  4. Hawwwww c'est trop mignon <3
    j'adore la photo avec la mort dans le fond. Un nageur est mort ? XDDD

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  5. un magnifique épisode qui m'a beaucoup émue :( bravo

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